La réforme des Lycées professionnels

Le président de la République a annoncé le 4 mai dernier, après plusieurs mois de concertation et d’échanges, les grandes lignes de la réforme des lycées professionnels. L’un des objectifs de cette réforme – qui intéresse directement les professionnels RH – est d’assurer une meilleure insertion professionnelle des élèves des lycées professionnels. Plusieurs leviers vont être activés.

Assurer une gratification pour les périodes de stage obligatoire

Toutes les périodes de stage des lycéens professionnels donneront lieu à une gratification directement versée par l’Etat à un opérateur dès la rentrée 2023. Les entreprises et les lycées n’auront pas à entrer dans ce processus administratif, assure-t-on au ministère en charge de l’enseignement et de la formation professionnels.

Cette gratification sera progressive :

  • 50 € par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en première année de CAP et en seconde du baccalauréat professionnel, soit 300 € au total sur l’année ;
  • 75 € par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en deuxième année de CAP et en première du baccalauréat professionnel, soit 600 € au total sur l’année ;
  • 100 € par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en terminale du baccalauréat professionnel, permettant ainsi de recevoir une allocation de stage comprise entre 600 et 1 200 € au total sur l’année selon le nombre de semaines de stages effectuées.

Cette gratification concernera :

  • tous les lycéens préparant un diplôme professionnel de niveau secondaire, ainsi que les lycéens professionnels engagés dans des formations complémentaires d’initiative locale (FCIL) à l’issue d’un CAP ou d’un baccalauréat professionnel ;
  • tous les lycéens en cours de formation et inscrits dans des établissements publics ou privés sous contrat.

À noter, l’assiduité de l’élève à l’école comme en entreprise entrera en ligne de compte pour le versement de la gratification.

Adapter les formations aux besoins des entreprises

L’objectif de cette réforme est d’adapter les formations aux métiers en tension et aux métiers en devenir dans les 5 à 10 ans (transition écologique, défi numérique, grand âge,…). Le gouvernement envisage la rénovation de 50 diplômes en 2024 et de 100 en 2025. Inversement, des formations qui ont des débouchés limités que ce soit dans l’emploi ou pour poursuivre des études seront fermées. Dès la rentrée 2023, 2 600 seront fermées et 3 000 places seront ouvertes. L’objectif est de fermer toutes les formations « non insérantes » pour la rentrée 2026.

Il s’agira également de réviser la carte des formations. Actuellement, la carte des formations est arrêtée chaque année par les régions. L’objectif est de dresser une carte pluriannuelle en partant des besoins locaux. Chaque lycée professionnel sera impliqué.

D’ici la fin du mois, chaque établissement scolaire disposera de ses indicateurs d’insertion professionnelle et de poursuite d’études, des besoins actuels de son bassin d’emploi et des métiers en tension.

Créer des formations courtes et complémentaires post bac professionnel

Le gouvernement entend permettre aux lycéens professionnels d’obtenir un bac + 1. L’objectif est de passer de 4 500 à 20 000 places en formation de spécialisation dès la rentrée 2026, dans le cadre d’un dialogue entre les lycées et les entreprises du territoire. Chaque baccalauréat professionnel offrira ainsi au moins une spécialité pour poursuivre ses études avec un bac + 1.

Selon le gouvernement, cette formation bac + 1 « permet d’ajouter 20 points d’insertion et est très attendu par les entreprises ».

Créer un bureau dédié aux entreprises dans chaque lycée

Un bureau dédié aux relations entre les entreprises et les lycées sera crée dans chaque lycée et ce, dès la rentrée 2023. Le gouvernement envisage la création de 2 100 bureaux dès la rentrée prochaine.

Les missions du bureau seront les suivantes :

  • mise en place et suivi des partenariats avec les acteurs du territoire ;
  • organisation des temps de stage et d’alternance ;
  • intégration de la relation école/entreprise dans le parcours de formation des jeunes ;
  • participation à la préparation des évolutions de l’offre de formation.

Entrée en vigueur

La réforme doit entrer en vigueur à la prochaine rentrée scolaire. Le gouvernement se veut rassurant car « la plupart des éléments de cette réforme sont de nature réglementaire ».

« Si l’un des éléments nécessitait une disposition législative, nous utiliserons le premier vecteur législatif à notre disposition », fait savoir le ministère chargé de l’enseignement et de la formation professionnels.

Au regard du calendrier et des thématiques abordées, on peut penser que le projet de loi sur le plein emploi pourra, le cas échéant, accueillir ces mesures.